Comment diminuer l’impact du digital sur l’environnement ?
L’envoi d’un mail pollue-t-il vraiment moins qu’un envoi postal ? Quelle part de ma facture d’énergie part dans l’alimentation de serveurs informatique ? Quel est l’impact environnemental de mon site internet ? Quels efforts puis-je faire pour diminuer l’empreinte carbone de ma présence digitale ?
Si vous vous êtes déjà posé une de ces questions, vous êtes au bon endroit.
L’impact du numérique sur la planète : le vrai du faux.
Dans un rapport publié en janvier 2022, l’ADEME a déclaré que la pollution digitale représentait 2,5% des émissions de CO2 de la France, soit l’équivalent de notre trafic aérien ou la circulation de 13 millions de voitures. Dans ce même rapport, l’ADEME a estimé que la part du numérique atteindra 5% des émissions de CO2 à horizon 2035.
D’où viennent ces émissions ?
Beaucoup d’informations plus ou moins vraies circulent sur la pollution digitale. Il n’est pas rare d’entendre que visionner une heure de vidéo sur une plateforme de streaming équivaudrait à faire tourner un réfrigérateur pendant un an. Même si ce chiffre est faux, il est vrai que regarder une vidéo consomme beaucoup d’énergie. La dépense énergétique vient du stockage du contenu vidéo sur un serveur et de l’envoi du flux de données vers l’utilisateur. Cette consommation dépend de plusieurs facteurs et varie en fonction de la qualité de la vidéo et l’appareil de lecture de vidéo. En moyenne, lire 1h de vidéo sur une plateforme de streaming équivaut à la consommation d’un réfrigérateur pendant 48h.
Pourquoi les serveurs consomment-ils de l’énergie ?
Les données digitales sont stockées sur des serveurs dans des data centers partout dans le monde. Ces gigantesques centres de données consomment évidemment de l’électricité pour tourner. Ils dissipent également de la chaleur et ont donc besoin d’être refroidis. Les data centers ont donc pour la plupart recours à la climatisation et à des systèmes de refroidissement par eau. La réduction de la consommation énergétique de ces centres de données représente l’un des grands défis de la transition vers le numérique responsable.
Tout stocker en local serait-il la solution ?
De nombreuses entreprises font le choix de data centers miniatures pour stocker leurs données. Le problème réside dans l’efficacité des petits serveurs. Les serveurs physiques locaux consomment en moyenne 20 fois plus d’énergie que les serveurs virtuels hébergés dans les data centers. En moyenne 25% de la facture d’électricité des entreprises dans le secteur tertiaire est utilisée pour l’informatique. Ce chiffre peut monter jusqu’à 58% en partie à cause de l’utilisation de serveurs physiques gérés dans les locaux de l’entreprise.
Cependant, les serveurs virtuels ne sont pas pour autant une solution miracle. La simplicité d’usage de ces serveurs en fait leur force mais également leur faiblesse : après avoir analysé plus de 10 000 serveurs virtuels, l’ADEME a montré que 20% d’entre eux étaient inactifs et donc qu’un cinquième de ces serveurs tournaient sans réelle utilité.
Les entreprises devraient concentrer leurs efforts pour dimensionner correctement la taille des espaces de stockages virtuels qu’ils achètent et pour réduire l’empreinte carbone de leur présence digitale en s’orientant vers le numérique responsable.
Le numérique responsable qu’est-ce que c’est ?
En trente ans, le poids moyen des pages de sites web a été multiplié par deux. C’est un effet direct de la montée en puissance des connexions internet. Il y a quelques années, il aurait fallu plusieurs longues secondes pour charger une page pleine de photos et de vidéos. Aujourd’hui, le temps de chargement se compte en millisecondes même pour les pages les plus lourdes. Les concepteurs de sites web ne sont donc plus vraiment contraints par la question du poids des pages. Google en tient compte pour le référencement naturel, mais pas suffisamment pour que l’éco-conception soit un enjeu prioritaire des agences de création de sites web.
Et pourtant, si le développement durable et le respect de l’environnement font partie de vos valeurs, il est important de limiter l’impact de votre présence digital, notamment celle de votre site web.
Comment faire ?
L’éco-conception doit être une ligne directrice dès le début d’un projet de création de site web. L’arborescence, le parcours utilisateur et les fonctionnalités qui se trouveront sur le site doivent être réfléchis pour réduire au plus possible son poids. Supprimer le superflu et aller à l’essentiel figure comme l’un des grands enjeux de l’éco-conception. On parle de sobriété numérique et de Green IT.
Privilégier un design épuré, avec de l’espace et surtout peu d’image ou de vidéo (et encore moins en lecture automatique) sera un des principaux leviers de l’éco-conception. Un pixel noir consomme en moyenne 60% d’énergie de moins qu’un pixel de couleur. N’ayez pas peur de revenir au noir et blanc !
Il existe ensuite des solutions lors du développement pour limiter la taille des fichiers, limiter le nombre de requêtes par pages, choisir un hébergeur responsable qui œuvre pour compenser les dépenses énergétiques de ses data centers. Le diable se cache dans les détails !
Sobriété numérique en images : quelques beaux exemples de site éco-conçus
La sobriété numérique ne rime pas forcément avec un site froid et morne. L’éco-conception permet de créer des designs chaleureux et une expérience utilisateur qui sort de l’ordinaire, tout en limitant l’impact environnemental de votre site.
Un exemple connu dans le milieu est celui de Low Tech Magazine. Le serveur de ce site internet fonctionne exclusivement grâce à des panneaux solaires, ce qui implique que le site peut parfois s’éteindre si la production d’électricité est faible pendant quelques jours. Le site donne des indications en direct de l’état des batteries du serveur et dispose d’un module de prévisions météo. L’utilisateur sait à l’avance si le site risque de s’éteindre pendant un temps.
Le site Kairos Jourdain fait également référence en matière de site éco-conçu. Avec leur design simple et en incluant uniquement des photos en basse définition, le site peut diminuer fortement la consommation en énergie de son site web.
Enfin, la palme revient à nos confrères chez I Have a Green qui ont opté pour le plus simple des sites possibles : une seule page, sans animation ni photo, qui renvoie simplement vers leur adresse mail.